Comment fait-on le verre ?

Le verre est composé de sable et plus exactement de la silice mélangée à de la soude et de la chaux. C’est en chauffant ce mélange à 1600° au moins qu’on obtient un mélange qui est du verre liquide et qui sera versé dans un moule ou soufflé. En refroidissant, il prend sa forme définitive et solide.

LE VERRE – UN PEU D’HISTOIRE

Les premiers objets en verre font leur apparition 1500 ans avant Jésus-Christ. Pendant plus de 1000 ans le verre est un matériau précieux, essentiellement travaillé pour la joaillerie. Les objets en verre sont déjà colorés mais opaques, ils sont de petite taille. Les techniques utilisées à l’époque sont celles du moulage et du modelage. Le moule étant souvent un noyau en argile. Une fois moulé l’objet en verre était poli. Les plus anciens objets en verre retrouvés datent du Vème siècle avant Jésus-Christ. Les célèbres vases de Portland datent du 1er siècle avant Jésus Christ. (Exposé au British Museum de Londres).

Vase PortlandVase Portland scène 1

La technique du soufflage de verre est née au Moyen Orient au 1er siècle avant J.C. Ce sont probablement les Syriens qui découvrent que l’on peut étirer le verre. Cette technique consiste à transformer une masse de verre en fusion, en bulle puis en forme creuse. Cette bulle est soufflée dans un moule, ce qui permet une reproduction beaucoup plus rapide des formes. Cette nouvelle technique est contemporaine au développement de l’empire Romain, elle se diffuse rapidement dans le Bassin Méditerranéen puis en Europe.

La technique de la chimie progresse vite ainsi que la maîtrise de la taille du verre. C’est autour de grandes métropoles comme Rome ou Alexandrie que les plus belles pièces en verre soufflé sont produites. Bien après la chute de l’Empire Romain, cette technique se perpétue.

L’époque du Moyen Âge est surtout marquée par l’utilisation du verre plat, et la splendeur des vitraux. En Orient, ce sont les lampes en verre émaillé qui sont surtout utilisées.

En France, L’Abbé Suger (1081-1151) se consacre à la construction de la Basilique de Saint Denis, sur la base d’un vieil édifice carolingien. Grand voyageur et passionné d’architecture, il est à l’origine de l’art gothique. C’est également lui qui fera faire les vitraux de la Basilique Saint Denis. L’art du vitrail est un art monastique et l’Abbé Suger avait une vision mystique de la lumière, qui était selon lui, une voie de communication entre Dieu et les hommes.

Vitraux de la grande nef de la basilique Saint Denis.

C’est au XIIIe siècle que le grand conseil de Venise décide d’installer toutes les verreries sur l’île de Murano. Au XVème siècle, la production de ces verriers atteint un très grand niveau de perfection et d’adéquation avec les arts décoratifs.

Le verre très transparent et d’une grande finesse naît dans cette période. Faisant référence au cristal de roche il est appelé Cristallo. D’autres inventions comme les inclusions de filigrane de verre blanc dans le verre transparent vont modifier les créations en verre.

Les autorités vénitiennes ne réussiront pas à conserver le monopole des techniques au-delà de 1612 où le premier ouvrage sur les techniques du verre est imprimé. La diffusion se fait alors dans toute l’Europe.

Si la production verrière est consacrée aux œuvres d’art et aux objets de décoration, elle est également très utile à la médecine, aux alchimistes, aux astrologues. L’évolution de la qualité des verres optiques par exemple va révolutionner l’image du monde. C’est aussi grâce à ces révolutions techniques que nous pouvons mettre des lunettes sur notre nez.

apôtreApôtre aux lunettes

besiclesBesicles clouantes – 1466 – retable des 12 apôtres

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, la France produit peu d’œuvres d’art en verre.

LE VERRE ET L’ART AU XIXème siècle

Vers 1840, les américains mettent au point une nouvelle technologie : la technique du verre « pressé-moulé » qui va permettre une grande accélération de la production. Des procédés semi-automatiques puis automatiques vont faciliter la fabrication des objets creux.

Pendant tout le XIXème, avec les deux expositions universelles de 1851 à Londres et 1855 à Paris, l’art signé se développe ainsi que les collectionneurs. L’artisanat devient créateur. Les extraordinaires développements de la chimie et de la technologie moderne ouvrent l’art à des débouchés internationaux.

Le musée des Arts décoratif à Paris sera inauguré en 1905.

Un verrier va devenir particulièrement célèbre dans cette période, c’est Emile Gallé. En 1894, il fonde sa propre manufacture. Ses verres seront soufflés. Emile Gallé va s’essayer avec succès à toutes les tendances de l’époque : japonisantes, orientalisantes etc. Son principe de la gravure à l’acide sur des verres comportant plusieurs couches de couleurs différentes, sera repris internationalement, notamment pour les lampes à éclairage électrique.

A peu près à la même époque, Henry Cros va remettre au goût du jour la pâte de verre. Cette technique, probablement la plus ancienne, était utilisée par les Egyptiens et les Phéniciens qui en faisait des bijoux, des amulettes et des décors précieux pour le mobilier funéraire. Henry Cros est un sculpteur symbolique ; François Décorchemont et Georges Desprets vont également utiliser la pâte de verre, notamment pour le verre d’art. Les recherches de Cros vont susciter d’autres vocations comme celles des frères Daum à Nancy.

René Lalique, alors bijoutier, débute une production avec la verrerie de Daum. En 1888, il fonde son entreprise et cet industriel verrier commence sa métamorphose avec le flaconnage de parfumerie.

En 1914, les « artisans français contemporains » sont réunis dans la galerie parisienne de Géo Rouard. L’orfèvre Jean Puiforcat côtoie le céramiste Georges Bastard et les verriers Marcel Goupy et Henri Navarre.

Maurice Marinot, qui était peintre découvre le verre en 1911. Fasciné par le travail du verre à chaud, il va consacrer une grande partie de sa vie à la technique du verre. Il va faire évoluer de manière considérable l’histoire mondiale de la verrerie.

Au XXème siècle, les œuvres de Gallé, Cros et Marinot vont modifier le statut nouveau des créateurs verrier.

Flacon le « perroquet doré. » Maurice Marinot - 1928Flacon le « perroquet doré. » Maurice Marinot - 1928Grand vase deux ansesGrand vase deux anses feuilles – François Décorchemont – 1925Vase satyres et nymphesVase satyres et nymphes René Lalique – 1930Lampe EscargotLampe Escargot. Emile Gallé

Les Triennales de Milan vont faire découvrir le renouveau du verre de Murano, le nouvel esprit scandinave et l’éclosion de l’école tchécoslovaque.

Dans l’atelier de Jean Sala situé dans le quartier Montparnasse à Paris, on expérimente de nouvelles techniques hors des contraintes de la production industrielle.

Depuis les années 80, le verre connaît un spectaculaire renouveau, grâce à l’architecture. La pyramide du Louvre en est le plus bel exemple. Ce renouveau est également dû à l’intérêt que les grands designers lui portent.

Les plus grands noms des designers actuels signent des lampes produites par des marques au renom international.

Le verre y est utilisé partout : abat-jour, pied de lampe ainsi que les ampoules. L’art se perpétue aussi grâce aux luminaires qui sont parfois de véritables œuvres fabriquées à la main. Certaines marques se sont spécialisées dans les lampes en verre soufflé. Nous remercions la société Bomma de nous autoriser à mettre en ligne leur très belle vidéo sur cette technique ancestrale.